Bourguiba : Sa vie, son œuvre (The Economist)

Sa vie, son œuvre

Notre confrère britannique The Economist dresse de l’action du « Combattant suprême » un bilan globalement positif

Jeune Afrique/L’intelligent

Du 25 avril 2000

Lorsqu’il  recevait des visiteurs, Habib Bourguiba avait coutume de leur montrer les portraits des quatre hommes, tous Africains du Nord, qu’il admirait le plus : Hannibal, Saint-Augustin, Jugurtha et Ibn Khaldoun. Au dessus de ses quatre héros, un cinquième portrait, de plus grandes dimensions, était accroché : le sien. La modestie n’a jamais été le fort de l’ancien chef de l’Etat tunisien.

Moins de dix ans après l’indépendance, les deux tiers de ses compatriotes savaient lire et écrire, soit un bon tiers de plus qu’à l’époque coloniale. Il mit en place un Etat moderne, largement sécularisé, ce qui contribua à attirer les investisseurs étrangers.

Mieux, avec le recul du temps, sa politique étrangère apparaît singulièrement visionnaire. Il se fit, par exemple, l’avocat de la reconnaissance de l’Etat d’Israël à une époque où la plupart des dirigeants arabes n’aspiraient qu’à rayer ce pays de la carte. Pourtant, lorsque Yasser Arafat et ses combattants palestiniens furent contraints d’évacuer le Liban, en 1982, c’est lui qui leur offrit un nouveau sanctuaire, à Tunis.

Le 7 novembre 1987, le Combattant suprême sera victime d’un «coup d’Etat médical». Zine El-Abidine Ben Ali, le Premier ministre, réunit une commission de sept médecins qui établit sa sénilité et son incapacité à assumer ses fonctions. Jusqu’à sa mort, il restera assigné à résidence. Seuls, ou presque, les membres de sa famille seront autorisés à lui rendre visite. Lorsque l’envie le prenait de changer de décor, il était autorisé à se rendre à son mausolée, sur la porte duquel sont gravés ces mots : « Libérateur des femmes, édificateur de la Tunisie moderne ».

 

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